L’Alsace est-elle allemande ou française ?

En 1870, la France est vaincue par l’Allemagne. Tandis que s’effondrent les ambitions impériales de Napoléon III, une vive confrontation idéologique s’ouvre. De part et d’autre du Rhin, intellectuels, journalistes et écrivains s’affrontent avec ferveur. Theodor Mommsen, illustre historien allemand, exalté par la récente unification de l’Allemagne, publie une série d’articles affirmant que l’Alsace, par sa langue et son héritage historique, appartient légitimement à l’Allemagne.

Fustel de Coulanges, l’un des historiens français les plus respectés de son temps, lui répond à la fin de l’année 1870 par un texte puissant. À travers une argumentation rigoureuse et un style maîtrisé, il oppose à Mommsen une vision profondément différente de la Nation — une vision qui annonce les grandes lignes de la conférence « Qu’est-ce qu’une Nation ? » qu’Ernest Renan prononcera en 1882.

Dans un entretien, Jean-Louis Bourlanges, ancien président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, éclaire cette controverse historique à la lumière des enjeux contemporains. Son regard d’historien et d’analyste géopolitique, notamment dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, donne à la question alsacienne une portée universelle.

Ce texte est suivi d'une postface de Jean-Louis Bourlanges.

Numa Denis Fustel de Coulanges (1830-1889) est un historien français né à Paris et mort à Massy. Membre de l’Académie des sciences morales et politiques, il laisse une œuvre majeure dans l’étude des civilisations anciennes et médiévales.

Jean-Louis Bourlanges est agrégé de lettres, ancien élève de l’ENA, ancien professeur, ancien député des Hauts-de-Seine et ancien président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et conseiller maître honoraire à la Cour des comptes. Il a été membre du Parlement européen (1989-2007).